9 Novembre 2018 - Journée d'études "Négation et négativité en langue et en discours"

Si l’on admet l’idée selon laquelle la fonction fondamentale de la langue est liée à l’interaction sociale, la négation peut être considérée comme un phénomène central pour la linguistique, et notamment pour la sémantique et la pragmatique. En effet, de nombreux analystes attribuent à la négation une qualité « interactive » (« polyphonique », « polémique ») consistant dans un acte de contredire une affirmation ou une idée présupposée. Dans cette perspective, un énoncé négatif est envisagé comme véhiculant les deux « voix » qui ainsi s’opposent (Ducrot, 1984).

L’un des sujets de débat concerne les rapports entre cette valeur-là et la valeur « monophonique » ou « descriptive ». Peut-on admettre, avec O. Ducrot (1984) et H. Nølke (1992 ; 2017), que la valeur « polyphonique » constitue la valeur fondamentale, primaire, de la négation, la valeur « monophonique » en étant dérivée ? Ou est-il plus juste de postuler une valeur sémantique plus générale, pouvant donner lieu à des interprétations différentes – polémique, descriptive ou autre – lors de l’emploi de la négation en discours (cf. Moeschler, 1992 ; Larrivée & Perrin, 2010) ?

Outre la question de la possibilité d’une analyse générale et celle du nombre de valeurs de la négation et de leur nature, les études linguistiques se penchent sur la variété de sens et d’effets particuliers que les différentes expressions négatives permettent de construire dans différents contextes (ex. atténuation, ironie, focalisation, argumentation), et donc sur la façon dont les locuteurs investissent et interprètent les expressions négatives dans la communication. Inversement, on constate qu’un sens négatif peut apparaître via l’emploi de moyens linguistiques autres que les expressions négatives à proprement parler. Bien que la vaste problématique de la négation/négativité interpelle les linguistes depuis toujours, l’intérêt qu’elle suscite ne faiblit pas, ce dont témoignent les colloques et les recueils récents (ex. Larrivée & Lee, 2016 ; Roitman, 2017). Les présentations et les discussions qui auront lieu lors de la journée d’étude permettront d’y apporter de nouveaux éclairages.

Programme de la journée

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